ROGER BOUILLARD, un peintre rare
C’est à la rencontre de Edmond HANNI que BOUILLARD décide d’opter pour la vocation de peintre. Le jeune artiste, alors chromiste, passionné de cinéma et photographie, trouve, à travers ce peintre suisse, l’ouverture d’un univers insoupçonné dans lequel l’expression personnelle lui semblait illimitée.
BOUILLARD se réclame de l’école cubiste. S’il en aime la construction, il privilégie toutefois le coup de cœur et l’émotion. Fasciné par les ‘Grands’, il a cependant su trouver une peinture très personnelle, dans laquelle transparaît une sensibilité pudique et délicate. Ses figures sont construites et interprétées par une couleur sans référence immédiate à la nature. Ses eaux sont d’apparence calme et sereine, mais créent un dialogue intense avec les ciels mouvants. Et, c’est la construction spatiale très rigoureuse, qui confère à ses sujets centraux une solidité inébranlable.
L’évolution de sa peinture semble être la recherche d’une convivialité entre les hommes, à travers la couleur et les formes, ses thèmes préférés étant des lieux où convergent des hommes de tous milieux sociaux : des églises, des ports, des plages… « Chaque tableau représente une aventure pleine de risques et d’énigmes, » dit Bouillard. « La peinture est une aventure solitaire », poursuit-il, « elle vous met face à vous-même et personne ne peut vous être d’un secours ». Cette solitude le stimule pour aller toujours plus loin, ailleurs, pour explorer des espaces inconnus.
La toile semble être, en quelque sorte, son double, sur lequel il se projette et avec lequel il dialogue. Un dialogue pas toujours simple, car Bouillard avoue : « Je me sens toujours sur une corde raide, entre l’ordre qui m’est un besoin essentiel et le désordre que créent les surprises du quotidien ». Est-ce son côté poète et sa rigueur d’artisan en somme, ou est-ce le décalage entre le rêve et la réalité ? On sent dans cet homme pudique et délicat une formidable volonté de braver le destin, de dépasser les limites. Dans son œuvre cela se traduit par des perspectives élancées, audacieuses parfois, mais aussi par certains thèmes comme les péniches, les bateaux à voile, les femmes aux parapluies…
C’est à Paris qu’il trouve essentiellement son inspiration, mais il se déplace également dans le Sud à la recherche d’une luminosité particulière, où, pour fixer les émotions éprouvées au cours de ses promenades, il fait des croquis dans ses carnets de notes. Dans son atelier, il les recompose. Débute alors un long processus, pendant lequel il travaille son thème, en fait le tour, l’apprivoise, s’en sépare parfois pour le reprendre plus tard, afin de l’enrichir ou le traiter différemment.
Bouillard vit ce processus intensément. Il avance pas à pas. Il refuse l’Improvisation, la facilité, il veut sa peinture artisanale dans le sens noble du terme, avec ce profond respect du travail et de la matière.
Rien de ses turpitudes créatrices n’est visible sur ses toiles, au contraire, Bouillard fait partie des peintres de la joie de vivre, qui s’expriment sans lyrisme grandiloquent, mais dans une grande sérénité humaniste.
Anna GRUBER

« L’art qui exprime la vie, est mystérieux comme elle. Il échappe, comme elle, à toute formule. Mais le besoin de le définir nous poursuit, parce qu’il se mêle à toutes les heures de notre existence habituelle, pour en magnifier les aspects par ses formes les plus élevées ou les déshonorer par ses formes les plus déchues ».
Cette citation d’Elie Faure, préface son Histoire de l’Art, et situe bien la responsabilité du peintre vis-à-vis de ses contemporains.
Avec humilité, ténacité, et aussi lucidité, Roger BOUILLARD a choisi cet art difficile de la peinture. Sa vision du monde quotidien nous force à la réflexion.
L’originalité de son oeuvre picturale se caractérise à mon sens par un chromatisme subtil, tout en harmonies, avec l’utilisation volontaire d’une palette restreinte. Tout cela s’organise autour d’une couleur dominante, que sa complémentaire vient faire chanter.
Car la peinture de Roger BOUILLARD est de la musique. Il choisit dans les tonalités qu’il privilégie bleues, ocres, vertes ou rouges, en faisant un emploi très modéré du ton pur, saturé. Une large touche, souple, structure la surface peinte, liant entre eux, les éléments picturaux qu’il met en scène : jamais un ciel ne sera peint pour lui-même, mais dans son rapport avec son entourage direct.
A la base de tout cela un solide dessin affirme lignes et volumes. Roger BOUILLARD n’a jamais caché son admiration pour Cézanne, pour le mouvement cubiste. L’artiste de notre temps peut-il faire table rase de ces influences ? La fréquentation de l’académie André Lhote l’a confirmé dans ses choix. La longue pratique de son métier lui a donné une connaissance poussée du monde de la couleur, dans ses aspects théoriques et pratiques.
Et puis, il y a l’inexplicable, la sensibilité de l’homme et le regard chaleureux que portent sur la nature, les gens du Nord.
Jean BROSSARD

La peinture de BOUILLARD vue par la presse :
« Agé de 55 ans, Roger Bouillard se réclame de l’école cubiste, mais se revendique comme cubiste modéré. « Je suis quelqu’un de calme », précise-t-il « et cela se sent dans mes peintures ». En effet, si les réminiscences cubistes sont indéniables, les toiles de l’artiste n’offrent pas cette agressivité des sujets et des couleurs qui est souvent l’apanage de cette école. Au contraire chez Bouillard, tout respire le calme et la sérénité, tandis que les teintes relèvent souvent des pastels. »
L’Echo 93
« Peintre qui a un sens très juste des harmonies de couleurs. »
L’Aurore (1971)
« Très à l’aise dans les volumes, se signale par une remarquable construction de ses perspectives. »
Le Progrès de Lyon (1974)
« Les réminiscences de l’école cubiste permettent à cet artiste des toiles fortes et construites. »
La Renaissance (1984)